Devant l’horreur de cette guerre, moi qui n’avais cessé d’évoquer le danger de tous les nationalismes et la montée du militarisme de Poutine, pouvais-je me détourner et continuer mon travail comme si de rien n’était ?
J’ai eu besoin de traduire ce qui me venait des médias de langue russe, – de le traduire pour essayer, dans le feu même de l’action, de le comprendre. Pour garder, aussi, la mémoire de ceux qui ont donné leur vie dans leur combat contre la dictature, malgré les faux espoirs, malgré l’aveuglement, dans ce déchaînement de haine et de violence. C’est à quoi s’étaient opposés aussi, en leur temps, comme il l’avaient pu, les écrivains que j’avais traduits pour les éditions Mesures. Et ce témoignage était aussi une manière de mettre mes pas dans leurs pas.
André Markowicz
Un an de guerre - André Markowicz
Editions Mesures, 666 pages